Témoignage du PDG de SOCATEB, Jean-Pierre Valente sur la façon dont son entreprise, spécialiste de l’enveloppe du bâtiment, a fait face à la crise du Covid 19 et envisage la reprise dans les mois ou les années à venir.

L’entreprise SOCATEB : experte dans le traitement technique des façades (Ravalement, isolation thermique par l’extérieur), l’étanchéïté des toitures terrasses, la serrurerie et le désamiantage 165 salariés.
Activité dans les secteurs de la copropriété, bailleurs sociaux, institutionnels.
Siège social dans le Val-de-Marne, à Orly.
Socateb a subi cette crise au coeur de l’Ile-de-France, région particulièrement touchée par l’épidémie.

Comment avez-vous traversé la crise ?

Dès le vendredi 13 mars, l’interruption des chantiers est devenue probable et la décision a été prise de
les mettre tous en sécurité pour une période d’arrêt, envisagée d’abord pour 15 jours. Le lundi 16, le
service production s’est consacré à cette tâche (sécurisation et communication auprès des maîtres
d’oeuvre et maîtres d’ouvrage) et le mardi, tous les chantiers étaient fermés.

La pénurie de masques, les conditions particulières de travail sur les chantiers (promiscuité, …) et la
fermeture des fabricants ont empêché la poursuite de notre activité dans des conditions de sécurité
optimale. Nous avons donc mis la plus grande partie de nos équipes en chômage partiel.
Le bureau d’études de l’entreprise, son service commercial et son service administratif sont passés en
mode télétravail, mais dans la réalité celui-ci ne représentait que 10 à 15 % de l’activité normale, les
interlocuteurs habituels de l’entreprise (maîtres d’ouvrage, architectes…) étant eux-mêmes confinés et
en télétravail et toutes les assemblées générales de copropriétés suspendues.
Avant la crise, l’entreprise s’était équipée d’un système de visioconférences pour permettre aux
collaborateurs des réunions à distance, dans une région déjà très touchée par les embouteillages. Cette
méthode s’est avérée utile et efficace pendant cette période d’inactivité « forcée ».

Durant le confinement, la Direction avec l’aide des services Qualité (QSE) et Production de SOCATEB a mis en place les mesures nécessaires pour la réouverture des chantiers. À avoir, les commandes pour l’approvisionnement en gel hydroalcoolique, en masques, … mais aussi la méthodologie pour la réorganisation des chantiers notamment des bases vie (baraques de chantiers, douches, sanitaires, restauration, etc.) et les nouveaux plannings pour limiter la présence des compagnons. Par exemple, des horaires décalés ont été instaurés pour la pause-repas… que ce soit sur les chantiers ou dans l’entreprise.

Parallèlement, la direction a négocié rapidement et facilement un prêt garanti par l’État. Il est vrai que SOCATEB avec ses 40 ans d’ancienneté et sa bonne santé financière présentait toutes les garanties. Cette mesure dans notre cas a été d’une parfaite efficacité.

Depuis le 25 mai, SOCATEB aménage ses chantiers suivant les différentes recommandations sanitaires

gouvernementales et le guide de l’OPPBTP. Après la validation de la reprise par les différents maîtres d’ouvrage, assistés pat leurs maîtres d’oeuvre et les coordonnateurs de sécurité, ses équipes ont repris progressivement le travail (tout comme leurs fournisseurs eux-mêmes impactés qui ont dû allonger pour certains leurs délais de livraison).

Quelles sont les perspectives pour les années à venir ?

Aujourd’hui, 100 % de nos chantiers ont repris en Ile-de-France, mais le travail est réalisé en « mode dégradé », ce qui signifie une perte de productivité de 10 à 20%, un nombre de compagnons limité et des « obligations de sécurité renforcées » très consommatrices de temps. L’entreprise maintiendra les mesures de protection sanitaire au plus haut niveau jusqu’à la commercialisation d’un vaccin ou l’annonce gouvernementale marquant officiellement la fin du Covid 19.

L’estimation de l’impact économique de la crise Covid pour SOCATEB représente environ 1,5M € de charges non récupérables liées aux frais fixes et d’une diminution de 25% de son chiffre d’affaires sur l’année 2020, le printemps étant la période où l’activité tourne à plein régime dans les métiers du bâtiment.

Nous avons estimé pour chaque chantier en cours, les surcoûts entrainés par les frais Covid (on parle en moyenne de 20 000 et 50 000 euros par chantier).
Nos clients du secteur public (comme les collectivités et les bailleurs sociaux) ont accepté de prendre en charge une partie de ces dépenses imprévisibles. Dans le secteur privé, nous avons, au cas par cas, expliqué les surcoûts. Certaines copropriétés ont souhaité participer aux frais Covid 19 en utilisant les aléas des travaux votés lors des assemblées générales.

Toutefois, la trésorerie de l’entreprise suffisamment solide a permis de reprendre tous les chantiers. Malheureusement, certaines sociétés de notre secteur d’activité, plus fragiles, sont aujourd’hui en grande difficulté face à cette imprévisibilité.

Globalement, nous voulons rester optimismes car les besoins en matière de rénovation énergétique des bâtiments sont d’une telle ampleur que si l’on souhaite réellement atteindre les objectifs de la COP 21 les 15 prochaines années n’y suffiront pas.

 

 

 

www.socateb.com