Il y a 25 ans, la France comptait environ 80 usines d’outillage à main, aujourd’hui, il n’en reste qu’une vingtaine. La question de quitter l’Hexagone s’est régulièrement posée à Thibaut Moulin, PDG de Mob, fabricant français d’outils à mains. Le projet de loi Industrie verte vient d’être adopté définitivement par le parlement. Son objectif : répondre aux défis industriels et écologiques de la France, en accélérant la réindustrialisation de notre pays. Le PDG s’en félicite, pour Mob, ces enjeux ne sont pas nouveaux. « Nous nous inscrivons pleinement et depuis longtemps dans l’objectif de faire de la France le pays leader de l’industrie verte en Europe. Car agir en faveur de la préservation de nos savoir-faire Made in Loire et être un acteur de la transition écologique et de la décarbonation de l’industrie, c’est ce que notre marque d’outillage à main s’emploie à faire depuis sa création en 1920. Nous avons relevé le défi de rester en France et en Europe, avec nos plus de 300 salariés et 3 sites de production, en relocalisant parfois même en France certaines lignes de production européennes, comme ça a été le cas avec notre pince à décoffrer PowerBar. Car la délocalisation – comme la transition écologique – ne sont pas une option ! »

Alors être une industrie verte, c’est quoi ? Thibaut Moulin est convaincu que c’est être une industrie qui prend ses responsabilités, qui prend des engagements, qui les tient. Pourson entreprise, les objectifs fixés par l’Accord de Paris sont la seule boussole. « Nous devons contribuer à limiter l’augmentation de la température à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels et diminuer nos émissions de gaz à effet de serre de 43% d’ici à 2030, comme le stipule ce traité international issu de la COP21 des Nations Unies conclu en 2015. Pour ce faire, nous avons engagé depuis longtemps des actions très concrètes : faire le choix de l’électricité – française donc très bas carbone – pour la majorité de nos équipements industriels, et ce, dès les années 90. Et depuis quelques années, nous remplaçons progressivement les process de chauffage au gaz encore restant pour passer à l’induction électrique pour la chauffe de l’acier, avant forge ou pour la trempe. Est-ce que ça marche ? La réponse est oui ! Par exemple, la consommation énergétique de notre activité de traitement thermique a été divisée par cinq ! Et sur un site de production qui consomme quelques 3,5 Gigawatts par an, ce n’est pas rien. Pour la suite ? Nous ne comptons pas nous arrêter là : avec notre comité de pilotage « sobriété énergétique », une centaine d’actions a été identifiée pour accélérer encore la décarbonation de notre industrie.

Néanmoins, la stratégie des pouvoirs publics de réindustrialiser la France se heurte à plusieurs difficultés importantes : l’augmentation du prix de l’énergie, et surtout, les difficultés de recrutement et les difficultés pour trouver du foncier pour construire de nouvelles usines. Ce sont aujourd’hui les principaux freins, même si l’Etat a commencé à baisser les impôts de production. Localement, nous bénéficions du « Pack relocalisation » de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, permettant de soutenir l’investissement industriel et développer le Fabriqué en France. Nous sommes conscients de la responsabilité sociétale que nous avons. Il faut passer maintenant à la vitesse supérieure. Cette nouvelle loi, je l’espère, permettra d’accélérer encore le mouvement de décarbonation et de réindustrialisation. Mais une chose est sûre : l’industrie française doit être verte. »