Sous le territoire lorrain encore durablement affecté par la désindustrialisation pourrait sommeiller le plus gros réservoir mondial d’hydrogène. Ce gaz qui suscite de plus en plus d’intérêt dans le cadre de la transition énergétique. En explorant le sous-sol lorrain à la recherche de méthane que des membres du Laboratoire GeoRessources de l’Université de Lorraine et du CNRS ont eu la surprise de trouver de l’hydrogène en forte proportion. Sa concentration augmentant avec la profondeur pour atteindre 20 % à 1 250m. De telles proportions permettent aux chercheurs de considérer qu’à 3000 m de profondeur, la teneur en hydrogène pourrait dépasser 90 %. Ainsi et sur la base des données gazières, le gisement lorrain pourrait contenir jusqu’à 46 millions de tonnes d’hydrogène blanc, c’est-à-dire plus de la moitié de la production annuelle mondiale actuelle d’hydrogène gris.
« L’hydrogène gris correspond ainsi à l’hydrogène produit en usine par transformation de gaz naturel. Il s’agit actuellement de la première provenance d’hydrogène utilisée comme source d’énergie, qui est critiquée pour la quantité de CO2 émise durant le procédé. L’hydrogène noir est quant à lui produit à partir de charbon, l’hydrogène vert est lui le résultat d’électrolyse de l’eau avec de l’électricité produite à partir d’énergie renouvelable. Pour toutes ces formes d’hydrogène, on parle donc d’énergie secondaire. L’hydrogène blanc, qui nous intéresse ici, correspond à l’hydrogène déjà présent en l’état dans la nature. Il s’agit alors d’une source d’énergie primaire. »
« Directement disponible, ce gisement potentiel d’hydrogène blanc a donc l’immense avantage de ne pas nécessiter d’énergie supplémentaire pour être produit à partir d’autres gaz ou molécules. Il suscite également notre enthousiasme car l’hypothèse que nous favorisons aujourd’hui pour expliquer sa présence dans le sous-sol lorrain laisse présager une ressource presque infinie de ce gaz. »
La prochaine étape consistera à déployer la sonde utilisée dans des forages voisins de celui de Folschviller où a été découverte la présence d’hydrogène. Ensuite, il faudra démontrer que la concentration en hydrogène continue de croître pour des profondeurs supérieures à 1200 m.

Source : The Conversation France.

Photo À Folschviller, la dernière mine de charbon a fermé en 1979. La ville a depuis perdu un cinquième de sa population.  A.BourgeoisP/Wikimedia, CC BY-SA