Voilà dix ans que la Région Auvergne n’avait pas construit de nouveau lycée. L’établissement bâti à Riom est un projet original et exemplaire, tout autant sur le plan architectural qu’en matière de pédagogie. Cadre par excellence de la valorisation de la filière bois, ce lycée se veut un pôle de référence dans le domaine des métiers du bâtiment, avec une offre de formations large et attractive, répondant aux besoins des entreprises de cet important secteur d’activités pour l’Auvergne. Pouvant accueillir 1200 élèves, il propose quatre filières : énergie, bois, travaux publics et finitions. Le bois à l’honneur dans une construction HQE Essentiellement de la région, le bois est omniprésent dans la construction : charpente, panneau de façade, parement, brise-soleil, claustra et même plafond chaloupant ou suspendu… En plus d’une intégration au paysage, cette construction durable conforte la qualité environnementale des lieux avec une faible émission de gaz à effet de serre. La chaufferie bois pourra en effet fournir 80% de la consommation d’énergie du lycée. Le bâtiment est riche en ambiances. Il enchaîne les parcours des élèves dans différents espaces traités avec autant de soin. Chaque local dispose d’une ambiance spécifique : lumière maîtrisée pour les salles de classe, lumière apaisée pour le CDI, lumière plus ludique pour le restaurant, et entretient des vues de qualité avec son environnement. Cet environnement est le fruit du soin apporté à l’aménagement des espaces extérieurs. Celui-­ci concilie vues lointaines sur les monts d’Auvergne et vues rapprochées sur la cour et les jardins intérieurs. Il différencie les espaces publics et privés, « intimise » les locaux d’hébergement, garantit l’agrément des parcours, les abrite du vent, organise la rétention des eaux pluviales, met à l’abri les bâtiments vis-­à-vis des inondations. La fabrication d’un paysage de qualité y est indissociable du projet architectural. La halle abritant les filières d’enseignement technique, notamment, est un lieu d’apprentissage et d’expérimentation tout autant qu’un lieu de représentation et de valorisation de l’établissement. Dans la lignée des économies d’énergies recherchées, le solaire a fait l’objet d’une exploitation maximale avec, notamment, l’utilisation de la lumière naturelle dans les ateliers. Par ailleurs, l’orientation des bâtiments, les ouvertures contrôlées et les apports solaires maîtrisés par la présence de brise-­soleil, associés à l’isolation thermique, optimisent l’inertie du bâtiment pour une consommation d’énergie primaire inférieure de 10% à la RT 2005. Le site a également mis en place un système de captation des eaux de pluie, avec des systèmes de noues, de fosses et de bassins paysagers qui recueillent les eaux pluviales, permettant de conforter la croissance des végétaux et d’obtenir un espace naturel préservé. Le chantier : un outil pédagogique Huit postes de tri sélectif, un nettoyage quotidien du site, le retraitement des déchets sont autant d’exigences fondamentales respectées sur ce chantier. Tous les déchets sont en effet valorisés : les métaux retournent en sidérurgie, le bois repart pour la filière panetière, le carton pour la filière papetière, les gravas sont utilisés en remblais pour les routes… Au total, près de 900 tonnes de déchets ont été évacuées du site pour être recyclées. Côté sécurité, la règle d’or a été celle du « zéro échelle ». Celles-­ci ont été remplacées par des échelles élévatrices, des échafaudages, des plateformes individuelles roulantes… pour répondre à la politique du « zéro accident » mise en place. Des « quarts d’heure sécurité », organisés chaque semaine à destination des ouvriers, sont venus compléter le dispositif. En 22 mois de travaux, aucun accident grave n’a été à déplorer. Ces séquences de prévention permettent à chacun d’assimiler une certaine éthique du travail sécurisé, sur ce chantier en particulier, mais également sur les suivants. L’accueil d’élèves sur le site n’aurait pas été possible sans la mise en place de telles normes de sécurité. Pour familiariser les lycéens avec les différentes facettes des métiers du bâtiment, une convention de chantier-­école a été signée entre le lycée, la Région, le Rectorat et les entreprises (groupement SOBEA Auvergne/Eiffage construction). Les élèves ont ainsi pu se rendre sur le site afin de suivre des cours décentralisés ou d’assister aux visites de chantier. Des stagiaires ont également été accueillis pour participer à la construction. Ainsi, le lycée du Bâtiment de Riom, construit en bois, chauffé au bois, attentif à son image tout autant qu’à ses usages, soucieux du confort et de l’agrément de ses utilisateurs, fait la démonstration que qualité architecturale et environnementale peuvent ne faire qu’une. Fiche d’identité ✓ Maître d’ouvrage : conseil régional d’Auvergne, Chamalières (63) ✓ Architecte : Emmanuel Nebout, Montpellier (34) ✓ Surface utile : 22150m² ✓ Coût des travaux : 57,7 millions d’euros