Une idée lumineuse

Avec 70% de surface vitrée, la tour ne satisfait pas à l’image d’un bâtiment passif. La façade répond pourtant parfaitement aux besoins du site car les concepteurs sont partis de l’idée selon laquelle, pour atteindre les performances requises, l’important n’était pas de produire beaucoup d’énergie, mais, avant tout, de minimiser les consommations. Avec une paroi vitrée, on réduit considérablement le recours à l’éclairage artificiel, d’autant plus que l’ensemble des bureaux donne directement sur la façade. L’enveloppe du bâtiment a donc été l’objet de toutes les attentions. Tout d’abord, le choix des matériaux s’est fait en fonction de leur impact environnemental global. Dans le but de limiter l’utilisation du béton, la structure du bâtiment est de type poteau-poutre mixte bois/acier. L’ensemble de la façade est constitué par un mur-rideau en bois de 25m de hauteur avec un recouvrement extérieur en aluminium pour la durabilité et l’entretien (l’aluminium, matériau à fort impact environnemental, est utilisé ici de façon réduite). Les parties pleines sont conçues à partir de panneaux isolants à base de ouate de cellulose, avec un parement extérieur en aluminium. Les parties vitrées sont composées d’un double vitrage argon à isolation thermique renforcée avec contrôle solaire.

Contre la surchauffe et l’éblouissement : la résille

Cependant, tout cela ne suffirait pas pour limiter le recours à la climatisation. Aussi une autre astuce, tant esthétique que technique, a-t-elle été ajoutée. La tour est ainsi partiellement enveloppée par une grande structure en acier asymétrique. Cette seconde peau épouse les formes urbaines environnantes, à savoir l’auditorium et le palais des Congrès. Servant de bouclier thermique, sa forme est déterminée par la course du soleil. À l’intérieur, son aspect de résille laisse pénétrer la lumière et préserve la visibilité sur l’extérieur, à 95% en regardant vers le bas et à 65% à l’horizontale. La toiture externe est, quant à elle, réalisée avec 560m2 de panneaux photovoltaïques fournissant 82 000 kWh délectricité par an, ce qui permet de couvrir une grande partie des besoins électriques du bâtiment. Ensuite, différents équipements ont été employés : un système « triple flux », breveté par Elithis, permet d’économiser de l’énergie en récupérant celle qui est émise par les équipements bureautiques (ordinateurs, photocopieurs) et d’utiliser les ressources de la nature. Parallèlement, une chaudière à granulés de bois (de la capacité d’un pavillon d’habitation) offre une autre source de chaleur à partir d’une énergie renouvelable.

Un « écosalarié » pour l’énergie positive

Afin de ne pas uniquement miser sur le « tout-technologique », ce sont les usagers qui permettront de gagner les derniers 20 kWep/m2/an nécessaires pour atteindre l’énergie positive. L’occasion de tester des dispositifs de sensibilisation et d’évaluer l’impact positif comme négatif du comportement humain. Cet immeuble tertiaire a l’ambition de devenir un laboratoire d’expérimentation énergétique. Plus de 1 600 capteurs étant répartis sur l’ensemble de la structure, toutes les consommations seront minutieusement observées, analysées, puis feront l’objet de publications scientifiques. Un totem situé en bas de l’édifice affichera de plus les consommations énergétiques quotidiennes et les économies réalisées (en kWh et en taux de gaz à effet de serre). Présentant un coût de construction de 1 400 euros/m2, la tour Elithis prouve qu’il est aujourd’hui possible de construire de manière esthétique, propre, de garantir d’excellentes performances énergétiques à des coûts identiques à ceux des bâtiments traditionnels réalisés aux normes actuelles.