Les écoles de la deuxième chance sadressent aux jeunes de 18 à 25 ans. Il sagit de jeunes sortis du système scolaire sans diplôme, pour qui lécole na pas été un succès. Cette école dun genre nouveau offre ainsi une formation de 9 mois à 1 an pour parvenir à la maîtrise des savoirs de base : lire, écrire, compter, notions dinformatique et notions dune langue étrangère. Celle de la rue dAubervilliers peut accueillir jusquà 140 élèves qui pourront obtenir à la fin de leur parcours un certificat indiquant leur niveau de compétence et qui leur servira de passeport pour entrer dans la vie active. Et le bâtiment se doit de respirer dattention, de soin, de dynamisme et de valeur positive afin daccompagner et favoriser le nouveau départ de ces jeunes.Pour lagence Palatre & Leclere Architectes, lespace architectural est primordial. « Larchitecture doit exprimer clairement espoir et renouveau, elle doit les accompagner sur la voie du succès et participer à redonner confiance aux élèves. Ils doivent être fiers de leur bâtiment. »Ce bâtiment, justement, est lun des derniers témoins de lactivité ferroviaire. De forme rectangulaire (22m × 9m) et composé de trois niveaux, il était en état de vétusté. Lopération a donc consisté en une restructuration lourde du bâtiment existant : suppression des planchers, dune partie des porteurs, de la couverture, de lensemble des équipements techniques et restauration complète des façades et changement des menuiseries. En façade, donc, un escalier de secours est desservi par des coursives. Sil offre ainsi un espace extérieur privilégié pour les occupants de lécole, les garde-corps servent également au dessin dune façade identitaire. Sa réalisation à base de tubes et plats métalliques laqués fait écho « aux voies de chemin de fer, aux lignes de cahiers ou encore au travail des Pistils de Lionel Esteve mais sert aussi à apporter un élément architectural fort, souvent absent de ces quartiers », expliquent les architectes Palatre & Leclere. La façade peut alors être vue comme une intervention artistique, visible par les riverains et les passants du jardin Éole.Une réponse nocturneÀ la nuit tombée, la façade revêt ses habits de lumière et connaît une deuxième vie grâce au travail de Franck Franjou, concepteur lumière. « Cette envie dune façade lumineuse est arrivée en cours de chantier. Olivier Palatre, chef de projet, sest rendu compte quil avait envie de faire quelque chose, mais il ne savait pas exactement quoi. Cest alors quil fait appel à moi. » La façon de travailler de ce concepteur lumière, qui se définit plus comme un plasticien de lenvironnement nocturne, du nom de lenseignement quil a reçu, a tout dabord été de bien comprendre le projet et le parti architectural. « Il est important de voir comment, la nuit, la lumière peut vraiment jouer son rôle et non pas apparaître comme un élément rajouté. Lobjectif nétait pas de compliquer la lecture du bâtiment avec un langage architectural supplémentaire mais plutôt dapporter une réponse nocturne à la vision diurne du bâtiment. » Il est alors parti de cette idée dhabillage métallique coloré pour reprendre ce graphisme en tubes à cathode froide, plus communément appelés néons. « Cest un projet qui, à lintérieur comme à lextérieur, est très coloré. Jai donc voulu retrouver, de nuit, cette notion à la fois ludique, graphique et qui amène un élément de gaieté en façade. » Pour larchitecte, il sagit dun signal fort de la présence et de lespoir de lécole de la deuxième chance. Un travail étroit entre larchitecte et le concepteur lumière a dailleurs été réalisé sur le choix des couleurs afin de sapprocher au maximum de la couleur des métaux présents en façade pour les tubes néon. « Il nous a fallu étudier, chez un fabricant de néons, différentes gammes à la fois de températures de couleurs et de couleurs de tubes. »La durée de vie de cette technologie, datant des années vingt, serait, selon Franck Franjou, de 30000 à 40000 heures, soit 20 à 25 ans, sans aucun entretien. Et, cerise écologique sur le gâteau, lorsque les tubes arrivent en fin de vie, ils sont réutilisables car il est possible de les reconditionner en remplaçant le gaz ancien par du neuf. « En dehors, de ces arguments environnementaux, les néons étaient avant tout la seule technologie qui nous permettait à la fois de restituer un dessin linéaire assez souple et de produire une lumière diffuse continue assez homogène, contrairement aux LED qui nauraient pas donné la même qualité de lumière et pour un coût infiniment plus élevé. »Fiche didentitéMaîtrise douvrage : Ville de ParisMaître douvrage délégué : SLA 18 Section locale darchitecture du 18e arrondissementArchitecture : Palatre & Leclere ArchitectesChef de projet : Olivier PalatreBET TCE : CotecPlasticien de lenvironnement nocturne : Franck FranjouEntreprise générale : FARCFaçade lumineuse : TLB (Trois lumières blanches)Coût des travaux : 1666000 HT