Cette maison est pour ainsi dire une histoire de cœur : coup de cœur des propriétaires pour un terrain au cœur de la ville. C’est à l’occasion d’une mutation professionnelle qu’ils sont venus s’installer à Vannes, dans le golfe du Morbihan. Les pieds dans l’eau, ils bénéficient là d’un environnement exceptionnel qu’ils n’échangeraient désormais pour rien au monde. «Nous étions déjà propriétaires d’une maison près de Rennes, expliquent-ils. Celle-ci nous plaisait car elle bénéficiait d’un bon ensoleillement. Mais pour cette nouvelle demeure, nous souhaitions aller plus loin dans notre démarche.» Ce projet de construction s’est inscrit dans la continuité d’un choix de vie alliant le confort
à l’écologie.
Lumière naturelle
C’est par le bouche-à-oreille que le couple a déniché la perle rare. Un terrain de 1500 m2, vierge de toute construction en pleine ville. Certes, l’emplacement n’est pas idéal puisqu’il se trouve à l’angle de deux rues. De plus, l’habitation voisine est construite en limite de propriété. Mais il bénéficie d’une orientation au sud et à l’ouest. Ce qui est parfait pour une architecture bioclimatique. Les propriétaires n’ont donc eu aucune hésitation avant d’en faire l’acquisition. Après avoir rencontré plusieurs architectes, c’est à Gilbert Menguy qu’ils ont confié leur projet. «Nous nous étions déjà renseignés sur les énergies renouvelables et les techniques de construction écologiques. Les propositions faites par ce cabinet correspondaient parfaitement à nos attentes», confient-ils. L’architecte et le maître d’œuvre se sont en effet très rapidement entendus sur la nécessité d’exploiter la lumière et la chaleur gratuite du soleil. Les travaux ont commencé en mai 2005 et se sont achevés moins d’un an plus tard.
Au rez-de-chaussée, le hall d’entrée ouvre sur le salon et la pièce de vie principale. Celle-ci comprend une verrière orientée au sud afin de bénéficier des apports passifs du soleil en hiver. Elle est protégée des surchauffes estivales par des stores vénitiens et des débords de toiture. «L’ouverture de la porte d’entrée, donnant sur l’arrière-cour au nord, permet aussi d’apporter de l’air frais l’été si le besoin s’en fait sentir», expliquent les maîtres des lieux. La chambre des parents est également orientée au sud. Elle est légèrement plus avancée que la pièce principale. Une fenêtre d’angle, donnant au sud et à l’ouest, apporte ainsi de la lumière pendant toute la journée. La cuisine est située à l’angle nord-ouest de la maison. Elle bénéficie d’une lumière douce et agréable en fin de journée, grâce à de larges ouvertures sur l’extérieur. À l’étage, les trois chambres d’enfants et la bibliothèque sont orientées plein sud pour profiter d’un maximum de chaleur et de clarté.
Chauffage solaire
Les mauvaises langues vous diront «qu’en Bretagne, il n’y a pas de soleil». Cette maison apporte toutes les preuves du contraire. Elle démontre que le chauffage solaire fonctionne même dans les régions septentrionales. 19 m2 de capteurs intégrés à la toiture, côté sud, chauffent les 170 m2 du logement pendant une bonne partie de l’année. La restitution de chaleur se fait, au rez-de-chaussée, par l’intermédiaire d’un plancher solaire direct (PSD), technique spécifique développée par la société Clipsol. Le liquide qui circule dans la chape est le même que celui qui traverse les capteurs solaires. L’inertie thermique de la dalle de 15 cm d’épaisseur donne une température homogène dans toute la maison. L’étage est, quant à lui, équipé de radiateurs à basse température qui conviennent mieux avec un plancher en bois.
Un régulateur optimise l’exploitation de l’énergie solaire pour toute la maison. Il dose, avec parcimonie, le complément d’énergie d’appoint nécessaire au confort souhaité. Il tient compte, pour cela, des apports passifs des baies vitrées ou de la chaleur d’un feu de bois. La production d’eau chaude solaire s’effectue instantanément par l’intermédiaire d’un échangeur de chaleur à plaques de la nouvelle génération Blocsol. «Ce système de chauffage nous apporte une entière satisfaction, assurent les propriétaires. Il procure une sensation de confort par une chaleur douce et constante dans toute la maison.»
Un bon bilan 
Lorsque le soleil n’est pas au rendez-vous, c’est la chaudière gaz à condensation qui prend automatiquement le relais. Ce complément de chaleur est diffusé par le même émetteur que l’énergie solaire (plancher chauffant et radiateurs à basse température). Un poêle à bois de 11 kWh a également été placé dans la pièce de vie principale. Son usage est surtout sollicité en agrément, mais sa puissance doit lui permettre de chauffer à lui seul tout le rez-de-chaussée. La consommation de gaz de septembre 2006 à août 2007 s’élève à 7103 kWh,
soit 44 kWh/m2/an. Cette maison se place donc parmi les bâtiments à basse consommation d’énergie, bien en dessous de la Réglementation thermique 2005 qui exige, pour les bâtiments neufs, une consommation d’énergie fossile inférieure à 110 kWh/m2/an pour cette région. Certes, ce premier hiver de référence n’a pas été particulièrement rigoureux. Mais les économies réalisées grâce au chauffage solaire sont indéniables.
Une maison bien «enveloppée»
Afin que son fonctionnement soit optimisé, le chauffage solaire nécessite une isolation parfaite. La brique monomur, mise en œuvre pour les murs extérieurs, limite les ponts thermiques. L’isolation sous toiture est en chanvre, avec des panneaux sous les parties planes et 20 cm de chanvre en vrac,
cultivé en agriculture biologique, dans le grenier. Les ouvertures extérieures sont en double vitrage avec gaz argon. Assez curieusement, la maison ne comprend pas de volets. Un choix largement assumé par l’architecte. «Les coffres des volets roulants créent des ponts thermiques et des fissures sur l’enduit à la chaux. Les propriétaires ne voulaient pas de PVC, et les volets en bois ne s’adaptent pas à la forme trapézoïdale des fenêtres, explique-t-il. Les volets ne sont pas indispensables. En Allemagne et dans les pays nordiques, beaucoup de maisons n’en sont pas équipées, et ils peuvent être avantageusement remplacés par des rideaux lourds à l’intérieur de la maison.»
Matériaux naturels
Les propriétaires de cette maison ont porté une attention particulière au choix des matériaux. Ils ont tenu compte de leur impact sanitaire et environnemental sur toute leur durée de vie (production, utilisation, recyclage). Les murs extérieurs sont en brique de terre cuite alvéolée, enduite à la chaux. Les cloisons intérieures sont en brique plâtrière. La chape de 15 cm d’épaisseur a été réalisée avec un mélange de chaux et de chanvre; elle est recouverte par de la terre cuite de Dordogne sur tout le rez-de-chaussée, un matériau parfaitement adapté au plancher chauffant. Il possède, en effet, une bonne inertie thermique, ce qui permet de mieux répartir la chaleur sur toute la journée.
Le bois est également très présent dans la maison. La charpente et le bardage extérieur sont en pin Douglas non traité, un bois naturellement imputrescible. Un parquet huilé en pin des Landes a été posé dans les chambres et la bibliothèque de l’étage. Concernant la salle de bains, les propriétaires ont choisi un parquet de type «pont de bateau», lessivable à l’eau. Les fenêtres sont en pin sylvestre. L’escalier est en bois exotique, petite entorse à la démarche écologique; ils ont été passés à l’huile dure, une imprégnation à base de matières premières naturelles qui constitue à la fois une sous-couche et
une finition protectrice.
La toiture est recouverte en zinc pour une meilleure intégration des panneaux solaires (pas de surcoût par rapport à une toiture en ardoise). L’atelier extérieur et le garage, en pin Douglas, ont été construits après la maison. Ils sont volontairement séparés de la partie habitable en raison des gaz toxiques (benzène, CO2…) qui peuvent provenir des produits entreposés, des hydrocarbures ou des gaz d’échappement de l’automobile. «D’un point de vue architectural, la séparation des éléments permet aussi de mieux structurer l’espace», précise Gilbert Menguy.
Combien ça coûte ?
Le coût global de la maison, honoraires d’architecte compris, est de 260000 € hors terrain, soit 1529 € le mètre carré. Il ne tient pas compte des travaux réalisés par les propriétaires (isolation, décoration, aménagements intérieurs…). Le chauffage solaire coûte à lui seul 31000 € installé. Les propriétaires ont bénéficié d’un crédit d’impôt de 7600 € et d’une subvention de 1900 € allouée par le conseil régional de Bretagne. Le prix du poêle à bois est de 9800 € installé.