Un déménagement est parfois l’occasion d’agir sur l’environnement. Ce fut le cas pour Karine et Didier. Déjà propriétaires d’un petit pavillon dans le Loir-et-Cher, ils étaient convaincus que les économies d’énergie et l’habitat sain représentaient une solution d’avenir. La naissance du troisième enfant les pousse à franchir le pas. Ils rencontrent alors plusieurs architectes, mais les premiers projets qui leur sont soumis ne leur conviennent pas.
Un pari réussi
C’est finalement au détour d’un chantier qu’ils découvrent l’entreprise de charpenterie Thillier. «Le courant est tout de suite passé avec l’artisan. Le projet de maison bioclimatique à ossature bois formulé en collaboration avec le cabinet d’architecte ne nous semblait pas démesuré et répondait à nos attentes, se souviennent les propriétaires. La commune voisine souhaitait justement réaliser un lotissement de Haute Qualité Environnementale. Notre choix s’est finalement tourné vers un terrain plus grand et plus arboré, en bordure de cette zone d’aménagement. Nous avons acquis la parcelle en avril 2006 et disposions de seulement six mois pour construire notre nouvelle maison.»
Les premiers travaux consistent à abattre les pins Douglas, trop vieux et trop serrés, qui menaçaient de tomber. Ils serviront à la construction d’un hangar à voiture, derrière la maison. Après le terrassement et la réalisation des fondations, les travaux de charpenterie ont débuté à la mi-septembre, pour s’achever en novembre par l’assemblage du garage. Une seule entreprise a réalisé l’ossature, la charpente, la toiture, et l’ensemble de l’isolation ; elle a également posé toutes les menuiseries et le bardage extérieur. Les autres artisans sont intervenus en chevauchement ou de façon consécutive, pour que, fin décembre 2006, la maison soit habitable.
Solaire passif et isolation renforcée
L’architecture de la maison est restée volontairement simple : des volumes épurés et une forme résolument compacte pour limiter les déperditions de chaleur. La première exigence des propriétaires était de profiter pleinement des apports du soleil. Au rez-de-chaussée, les pièces de vie (salon, salle à manger et chambre des parents) sont donc orientées au sud, côté rue, avec de larges ouvertures donnant sur le jardin situé devant la maison. Le garage, le dressing et la salle de bains sont, à l’inverse, placés au nord pour servir d’ «espaces tampons». L’étage comprend une mezzanine et les trois chambres des enfants.
L’ossature bois a été réalisée en poutre de 145 mm d’épaisseur. Le bardage extérieur est en mélèze. Bien que ce bois soit naturellement imputrescible, il a été traité avec de l’huile de lin pour conserver sa couleur d’origine. Les menuiseries extérieures sont en bois/alu avec double vitrage à lame d’argon pour une meilleure isolation. Elles sont protégées par des volets roulants électriques sur lesquels pourra être installé ultérieurement un système de commande à distance. Les aménagements et cloisons intérieures ont été réalisés en lambris (pin) et plaques de plâtre.
L’isolation des murs et de la toiture (22 cm) de la maison est en ouate de cellulose : «Ce matériau offre une excellente isolation thermique et acoustique tout en laissant le chantier parfaitement propre pendant la durée des travaux», constatent les propriétaires des lieux. L’isolation en toiture est renforcée par des panneaux de laine de bois de 20 mm d’épaisseur, sous le littelage. Le plancher de l’étage a été conçu avec des panneaux de particules de bois sur lesquels repose une couche de granulés Fermacell et deux épaisseurs de plaques de sol Fermacell, limitant ainsi les bruits d’impact et assurant une parfaite isolation acoustique.
Puits canadien, VMC double flux et récupération d’eau de pluie
Lors de la construction de leur maison, les propriétaires ont également prévu l’installation d’un puits canadien. 35 m de tuyau ont été enterrés à 1,5 m de profondeur. Au moment de notre visite, le raccordement au logement n’était pas encore effectué, et le renouvellement d’air s’opérait à travers le vide sanitaire sous la maison. Ce vide sanitaire a été réalisé pour améliorer l’isolation (le vide sanitaire est plus isolant qu’un terre-plein) et assainir la maison (phénomènes telluriques). Une fois terminé, le puits canadien agira en toute saison, en rafraîchissant ou en préchauffant le renouvellement d’air.
Complément indissociable à cet équipement, la ventilation mécanique contrôlée (VMC) double flux est là pour évacuer l’air vicié de la maison. Elle permet d’accroître encore les économies d’énergie en récupérant jusqu’à 50% de la chaleur extraite avant de la restituer à l’air neuf par croisement des deux circulations. Karine et Didier ont enfin prévu une citerne de récupération d’eau de pluie de 18 m3. Enterrée devant la maison, celle-ci sera bientôt reliée aux toilettes et à un robinet pour arroser le jardin.
Solaire actif et pompe à chaleur
18 m2 de capteurs solaires ont été placés sur la toiture pour le chauffage de la maison et de l’eau sanitaire. Une pompe à chaleur sur air (système air/eau) prend automatiquement le relais en hiver, pendant les périodes de faible ensoleillement. En été, c’est un ballon électrique qui assure la production d’eau chaude. L’ensemble de ces appareils de chauffage est relié à un préparateur multizone à échangeur intégré de 750 l qui optimise l’usage de l’énergie solaire. «En intersaison, le solaire couvre l’ensemble des besoins de chauffage. Au total, la majeure partie de l’énergie consommée sur l’année pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire est fournie par les capteurs», estime Didier.
La distribution de chaleur dans la maison s’effectue par l’intermédiaire d’un plancher chauffant au rez-de-chaussée. Il n’y a pas de système de distribution de chaleur à l’étage, mais le vide de la mezzanine permet de faire remonter les calories du rez-de-chaussée vers les chambres des enfants. La présence d’une verrière donnant sur cette mezzanine et de fenêtres de toit dans les chambres augmente encore la température de quelques degrés.
Et si c’était à refaire?
Karine et Didier nourrissent quelques regrets sur le mode de chauffage. «Si c’était à refaire, nous irions encore plus loin dans le système passif. L’investissement consenti pour les deux appareils de chauffage aurait pu être reporté sur une isolation renforcée. Notamment en installant du triple vitrage. Ce qui aurait permis de se contenter d’un seul appareil de chauffage et de consommer encore moins d’électricité», observent-ils.
L’installation de ces deux systèmes de chauffage peut en effet paraître préjudiciable sur le plan économique. Si la pompe à chaleur ne fournit qu’une faible partie des calories nécessaires au chauffage de la maison, elle ne sera pas optimisée, et l’amortissement sera d’autant plus long. Le poêle à bois de 8 kW, installé par la suite, pour l’agrément, dans la pièce de vie, aurait peut-être suffi à combler les périodes de faible ensoleillement, avec une isolation renforcée. «Nous avons remarqué aussi que les panneaux solaires peuvent fournir une grande quantité de chaleur en été. Là où nous en avons le moins besoin. Certes, le ballon d’eau chaude permet de stocker une partie des calories, mais, en période de canicule, elles sont perdues pour l’essentiel!» Certains installateurs préconisent, dans ce cas, de chauffer l’eau de la piscine avec le système solaire. Mais l’impact écologique de cet équipement peut sembler contradictoire avec l’utilisation d’énergies renouvelables.
Combien ça coûte?
Le prix de la maison s’élève à 295000 € TTC hors finitions (peinture, sol dans les chambres, cuisine aménagée) et achat du terrain. Le coût total d’investissement pour le chauffage (main-d’œuvre et équipement) est de 38511 € TTC, dont 9000 € pour la pompe à chaleur de 7 kW (sans le plancher chauffant) et 12550 € pour le chauffage solaire.
Karine et Didier paient 89 € par mois d’électricité, ce qui correspond à une consommation de 9200 kWh lors de la première année d’occupation du logement (janvier à décembre 2007), avec un abonnement de 12 kW. La consommation d’électricité pour le chauffage (pompe à chaleur et appareils de régulation) est estimée à 14 kWh/m2/an.