Au même titre que l’isolation, le renouvellement d’air à l’intérieur des bâtiments est devenu une préoccupation majeure de ces dernières décennies. Des débits réglementaires ont été fixés, tant pour le tertiaire que le résidentiel. Une ventilation efficace contribue à la qualité de l’air et assure la pérennité du bâtiment. Mais de nombreux défauts peuvent persister sur la mise en œuvre ou l’utilisation (gaines percées, entrées d’air obstruées…). Des taux élevés de CO2, de vapeur d’eau ou diverses « pollutions intérieures » sont alors constatés dans certains cas.
La ventilation joue également un rôle important sur la consommation d’énergie. Par son fonctionnement d’abord, et surtout à travers son influence sur le chauffage. Un système de ventilation élémentaire, de type autoréglable, revient en effet à faire entrer de l’air frais dans le bâtiment pour en retirer de l’air chaud. Lorsque les locaux sont suffisamment isolés, la ventilation peut alors représenter l’essentiel des déperditions de chaleur. Le renouvellement d’air doit donc être réalisé en fonction de la taille des locaux, du taux d’occupation ou des activités qui y sont réalisées. « Le choix entre les différentes technologies de ventilation dépendra surtout de la qualité du bâtiment et de sa conception globale », insiste ­Éric ­D’Haene, directeur commercial Vortice-­France.
Modulation de débit
Les besoins de ventilation ne seront pas les mêmes en fonction de l’usage du bâtiment. Ainsi, certaines salles de réunion peuvent être occupées seulement quelques heures par semaine ; la solution la plus simple consiste à installer des programmateurs journaliers et hebdomadaires. Le débit de ventilation peut aussi être modulé en fonction de l’utilisation des locaux, en installant, par exemple, des détecteurs de présence. Certains systèmes tels que les sondes de CO2 peuvent même réagir en fonction du nombre d’occupants. Le signal du capteur peut être reporté sur la bouche de ventilation, auquel cas le débit pourra être modulé sur les différentes zones, ou directement sur le ventilateur s’il n’y a qu’une seule zone à ventiler.
La ventilation simple flux hygroréglable représente une autre solution intéressante en résidentiel. Le débit d’air s’effectue alors en fonction du taux d’humidité de l’air et, par conséquent, du taux d’occupation des locaux. « La ventilation simple flux hygroréglable convient bien aux logements, car le taux d’occupation varie fortement sur la journée et sur la semaine, estime ­Jérémie ­Joret, chargé de mission à l’association ­Effinergie. Ce système peu onéreux est particulièrement avantageux en climat méditerranéen où les fenêtres sont souvent ouvertes et où le besoin de ventilation est faible. » Dans le cas de bâtiments à forte inertie thermique, il est également possible de prévoir une surventilation la nuit, en été, pour évacuer les calories emmagasinées le jour.
Récupérer la chaleur avec le double-flux
La ventilation double flux permet de récupérer jusqu’à 90;% des calories de l’air sortant pour les transmettre à l’air neuf par le biais d’un échangeur thermique. Outre le gain énergétique, le confort des locaux en est d’autant amélioré puisque la température de l’air qui entre dans le bâtiment est proche de la température ambiante. La société ­Aldès a également mis au point un système permettant d’exploiter les calories de l’air extrait pour gérer l’eau chaude sanitaire. Un double flux couplé à un puits canadien permet aussi le traitement ou le prétraitement de l’air.
De nombreux appareils sont par ailleurs équipés de filtres contre les pollens et les poussières. « Mais plus on filtre fin et plus la consommation d’énergie augmente. Il faut donc trouver le bon équilibre », prévient ­François ­Chardon, responsable Marketing Métier-Produits chez ­Aldès.
Très performante, la ventilation double flux présente cependant quelques inconvénients. Elle est bien plus chère qu’une ventilation simple flux à extraction, sans compter la pose. Elle nécessite aussi un double réseau avec un passage de gaines d’extraction et d’insufflation de l’air, ce qui rend son installation plutôt complexe dans les bâtiments existants. De plus, la consommation électrique et le bruit des ventilateurs peuvent être importants, bien que des progrès aient été réalisés sur les modèles les plus récents. La ventilation double flux est donc encore réservée aux installations de taille importante où la qualité acoustique n’est pas primordiale. Mais elle fait, petit à petit, son entrée sur le marché du résidentiel neuf. À condition que l’isolation et le chauffage aient été suffisamment pris en compte.
Ventilation + étanchéité : 
l’équation gagnante
Pour que le renouvellement d’air soit correctement réalisé et que la ventilation joue pleinement son rôle, il est important d’assurer l’étanchéité à l’air du bâtiment. Et par conséquent, de maîtriser les fuites et entrées d’air clandestines. Ceci est d’autant plus vrai dans le cas d’une VMC double flux. « Certains matériaux de construction, tels que le béton banché, sont naturellement étanches à l’air », explique ­Delphine Saint-­Quentin, ingénieur dans la société nantaise de conseil et de formation ­Wigwam. « Dans ce cas, les jonctions entre les parois verticales et horizontales, les entourages de menuiseries et les passages de canalisation restent les principaux points faibles à traiter. Pour d’autres matériaux, comme le bloc béton ou la brique cellulaire, il faudra utiliser un enduit spécifique. S’il s’agit d’une construction bois, c’est le pare-­vapeur qui assure principalement l’étanchéité à l’air. Celui-­ci devra être soigneusement jointoyé avec une bande adhésive spécifique. » Les professionnels qui interviendront sur les parois devront par ailleurs prendre soin de ne pas détériorer la membrane ou l’enduit qui assure l’étanchéité à l’air. Son efficacité peut être contrôlée en cours ou en fin de chantier par une entreprise accréditée, en particulier lors de la demande du label Bâtiment basse consommation (BBC-Effinergie).
Ventilation naturelle : plus simple, mais moins efficace 
Une autre méthode de ventilation, surtout pratiquée dans les logements collectifs antérieurs à 1982, consiste à faire circuler l’air à travers un conduit de ventilation par un simple effet de tirage thermique et par l’action du vent. L’air neuf pénètre dans le bâtiment à travers les entrées d’air prévues en façade. Tandis que l’air vicié est évacué au niveau des pièces humides. On parle alors de ventilation naturelle.
Cette technique présente l’avantage d’être peu bruyante et de ne pas consommer d’énergie. Elle est cependant tributaire des conditions météorologiques. Son efficacité est souvent aléatoire et dépend de l’écart de température entre l’extérieur et l’intérieur et de la hauteur de la colonne de tirage. De plus, elle ne prend pas en compte l’occupation des locaux. Des solutions plus récentes permettent cependant de la coupler à une assistance mécanique. On parle, dans ce cas, de « ventilation hybride » ou de « ventilation naturelle assistée ». Le dispositif mécanique permet de suppléer aux faiblesses éventuelles des éléments naturels. Il est actionné automatiquement par une sonde de température et un dispositif hygroréglable.
Faire le bon choix
Dans un même bâtiment, on pourra parfois installer plusieurs systèmes : double flux, simple flux par extraction ou insufflation, en fonction des exigences de chaque zone. Le choix est plus difficile dans le cas d’une rénovation. Il dépendra notamment de l’existence ou non de conduits et de leur état. Les solutions proposées devront être étudiées au cas par cas. Elles vont du petit aérateur ponctuel à la ventilation double flux. Lorsque le bâtiment est déjà équipé d’une ventilation mécanique contrôlée (VMC) autoréglable, le passage à une VMC hygroréglable est aisé et peut faire réaliser jusqu’à 10;% d’économies sur les consommations de chauffage. Les systèmes par insufflation d’air permettent d’obtenir une meilleure isolation acoustique vis-­à-vis de l’extérieur. Dans tous les cas, le dimensionnement de l’installation doit être réalisé avec précision. L’installateur devra, par ailleurs, veiller à une parfaite étanchéité des réseaux. Le suivi et l’entretien par un professionnel qualifié seront, bien entendu, tout aussi nécessaires.