Pour parler du feu en façade, Stéphane Miget reçoit Sébastien Boninsegna, directeur Expertise et Inspections pour Efectis France, Stéphane Hameury, chef de division au CSTB, Christophe Tessier, directeur du Centre d’essais au feu Cerib, enfin, Gontran Dufour, architecte Associé chez VS-A.

Stéphane Hameury : « Le CSTB a été mandaté par le ministère de la Cohésion des territoires suite à l’incendie de la tour Grenfell à Londres, et ce pour analyser le risque qu’un tel incendie puisse survenir sur le territoire national. Ce qui nous a amenés à analyser l’ensemble du corpus réglementaire pour voir s’il y avait besoin d’une révision des niveaux de sécurité. Rendu fin juin, il fait l’objet d’un certain nombre de préconisations : neuf, dont une renvoie à la nécessité de renforcer la réglementation sur les bâtiments anciens. Un bâtiment ancien, lorsqu’il est rénové, n’entre pas dans le corpus réglementaire. Les bâtiments rénovés font l’objet d’une circulaire. Un autre point renvoie à l’évolution de la conception des bâtiments. »  

Sébastien Boninsegna : « En ce qui concerne l’incendie de la tour Grenfell à Londres, on a une idée précise de ce qui a pu se passer. Près de soixante heures d’incendie sur un bâtiment de grande hauteur, de 67 m, qui avait fait l’objet d’une rénovation des façades en 2016 avec un nouvel isolant et de nouveaux panneaux aluminium. Les réglementations anglaise et les réglementations françaises n’ont pas du tout les mêmes exigences. Le système de façade ne serait pas appliqué sur ce type d’immeuble en France. C’est un système qui n’est pas couvert par l’instruction technique 249. L’IT 249 est une instruction qui aide les concepteurs à répondre aux exigences de la réglementation complétée par des guides de préconisation que l’on retrouve pour les Etics et pour le bois. »

Christophe Tessier : « Les essais feu peuvent être demandés par un maître d’œuvre, d’ouvrage, un industriel qui veut qualifier son système constructif… L’essai consiste à reproduire une façade. Il a été créé pour accompagner les IGH à La Défense. On a fait évoluer ce test au sein d’un groupe de travail constitué à la demande du ministère de l’Intérieur avec, pour but, d’évaluer les systèmes de façade, notamment tout ce qui touche à l’ITE. On a des systèmes plus performants du point de vue de la réglementation thermique qui n’étaient pas pris en compte dans la réglementation. L’objectif est de ne pas permettre la propagation de l’incendie au-delà du deuxième niveau. Cet essai nous permet d’évaluer trois types de propagations. Un premier mode : façade/plancher ; un deuxième mode : interdire la propagation dans l’isolant de la façade, troisièmement, sur la façade. »

Gontran Dufour : « Nous sommes amenés à prescrire des essais feu. Ces dispositifs sont encadrés par une prescription en amont. Lorsque l’on a une conception particulière, on la fait valider par un essai. En réhabilitation, sur les bâtiments de logement, les maîtres d’ouvrage ont peu de moyens. Les moyens donnés en phase de conception font apparaître assez tard ces sujets sur le feu. »