En cœur de ville de Colmar, une campagne de fouille d’archéologie préventive prescrite par la Drac Grand-Est sa été lancée suite au projet de réaménagement de la place de la Cathédrale par la ville. Un ancien mur d’enclos du cimetière a été découvert par les archéologues de l’Inrap en parties sud-est et sud-ouest de la collégiale Saint-Martin.
Réalisé en gros galets de rivière liés au mortier de chaux, il atteint une épaisseur maximale de 0,85 m. Les deux tronçons observés sont chacun conservés sur une dizaine de mètres ; leur tracé est incurvé et forme un plan ovalaire, enserrant un espace plus restreint que celui de l’église actuelle. Il pourrait donc avoir ceint l’édifice ayant précédé la collégiale, retrouvé lors des fouilles réalisées dans les années 1970, qui était de taille moindre que l’église actuelle. L’hypothèse privilégiée à ce stade des investigations est que ce mur puisse correspondre à celui érigé par les bourgeois de la ville de Colmar à partir de 1212. À cette date en effet, les bourgeois (dont c’est la première mention dans les textes) vendent un terrain communal pour 60 marcs d’argent, somme destinée à la construction d’un mur autour de l’église et de son cimetière. L’importance de la somme déboursée pourrait indiquer qu’il s’agit d’un mur de fortification, ce que l’épaisseur et la solidité de la maçonnerie observée semblent confirmer. La fortification des cimetières était chose courante dans l’Alsace médiévale, région morcelée politiquement et en proie à d’incessants conflits : elle permettait aux populations de se mettre à l’abri au sein d’un périmètre consacré, disposant du droit d’immunité.
Photo : le mur mis au jour en partie sud-est de la place © B. Dottori, Inrap