À Tours, l’arrivée du tramway en 2013 a été l’occasion de réaliser une ambitieuse opération de réaménagement urbain. Un projet qui concerne plusieurs secteurs de la ville, au centre comme en périphérie, avec pour objectif de lui donner une nouvelle attractivité.

Réputée pour son patrimoine historique exceptionnel, Tours n’est pas qu’une destination touristique. Elle bénéficie également de la proximité du bassin parisien et de la qualité de vie propre aux villes moyennes. Si l’agglomération compte aujourd’hui un total de près de 140 000 habitants, elle ne cesse de voir sa population augmenter, avec en conséquence une urbanisation très forte : « Le rythme de construction de logements est passé de 700 unités par an à plus d’un millier ces trois dernières années », précise Franck Seither, chargé des grands projets urbains à la Ville de Tours. Des constructions essentiellement situées le long de la voie du tramway, un mode de transport qui traverse l’agglomération du nord au sud.

Haut de la rue Nationale : un projet qui réinterprète la figure historique d’une porte de la ville. Photo : SET

Haut de la rue Nationale : un projet qui réinterprète la figure historique d’une porte de la ville. Photo : SET

Le tramway, levier du changement

Inauguré en août 2013, le tramway a été le moteur d’une transformation sensible de la ville. Pour la municipalité, il s’agissait de requalifier l’espace urbain, de dynamiser les quartiers existants, d’en créer de nouveaux, d’enrichir le patrimoine végétal… le tout dans le respect de l’existant. De nombreux grands projets urbains se développent donc sur cet axe long de 15 km : le vaste écoquartier Monconseil au nord de Tours, le nouveau quartier des Deux-Casernes situé en plein cœur de la ville, le quartier des Deux-Lions et son architecture novatrice, le grand projet culturel et touristique du haut de la rue Nationale avec son centre d’art contemporain. Un quartier de la création est également en train de voir le jour sur le site de l’imprimerie Mame, dont le bâtiment historique, réalisé par Bernard Zehrfuss et Jean Prouvé, est un chef-d’œuvre de l’architecture industrielle.

Prendre en compte l’existant

Bénéficiant du label Ville d’art et d’histoire depuis 1988, Tours témoigne de l’empreinte d’époques et de styles variés, un patrimoine architectural d’une grande richesse, dont la prise en compte est bien sûr incontournable dans tout projet de renouvellement urbain. « Le secteur sauvegardé du centre a été étendu il y a quelques années, précise Franck Seither. L’insertion dans l’environnement existant de tout nouveau projet de construction ou d’aménagement est étudiée très en amont et fait l’objet d’un travail de concertation entre le maître d’ouvrage, les architectes conseils et l’architecte des bâtiments de France. » Ainsi, le projet urbain du haut de la rue Nationale est emblématique de cette adaptation au secteur sauvegardé, ce qui ne l’empêche pas de proposer un langage actuel. « À l’échelle de la ville, le projet s’ancre dans la tradition par les matériaux et les couleurs employés ; il se tourne vers l’avenir par son design contemporain », résume Andrew Hobson, architecte chez Arte Charpentier.

Une porte urbaine du 21e siècle

Entrée de ville majestueuse à la fin du 17e siècle, puis cœur de ville jusqu’au début du 20e, le haut de l’actuelle rue Nationale a subi des dégâts considérables pendant la seconde guerre mondiale et les efforts de la reconstruction n’ont pas ranimé le site disparu.
Le projet actuel vise donc à lui redonner de sa superbe en créant un nouvel ensemble architectural et un espace urbain attractifs. Le programme prévoit la réalisation d’une vaste esplanade paysagère, de nouveaux jardins, d’un complexe hôtelier haut de gamme, d’un centre d’art contemporain, de nouveaux commerces et des logements… « C’est un projet urbain majeur pour la ville, qui vise à augmenter le rayonnement de Tours sur le plan international », déclare le maire Serge Babary.

Tisser la ville sur elle-même

Transformer une emprise militaire en écoquartier mixte et ouvert, telle est l’ambition du site des anciennes casernes. Doc. : SET

Transformer une emprise militaire en écoquartier mixte et ouvert, telle est l’ambition du site des anciennes casernes. Doc. : SET

Également situé en centre-ville, le site des anciennes casernes Beaumont et Chauveau est une belle opportunité de reconquête d’un quartier jusqu’ici fermé sur lui-même. Cet espace clos de dix hectares a entamé une profonde métamorphose, comme l’explique l’architecte retenu, Bruno Fortier : « Les sites centraux sont rares – c’est le cas de cette caserne – et ils sont aujourd’hui l’occasion de tisser la ville sur elle-même en retrouvant une certaine densité. Nous nous sommes bien sûr efforcés de conserver tout ce qui pouvait l’être, mais cette caserne était une “île” et l’un des buts que nous nous sommes fixés a été de l’ouvrir sur la ville. » Le projet repose sur la création d’un grand parc central de un hectare formant une large coulée verte orientée nord-sud. Les espaces publics structurent le quartier et le relient à un environnement urbain, dont il était isolé et caché. Autour du parc central, 48 000 m2 accueilleront environ 550 logements, dont 40 % de logements sociaux. Une réflexion particulière sera menée sur des formes d’habitat inédites dans l’agglomération : habitat coopératif, cohabitation des générations, bâtiments à énergie positive… Le quartier se veut d’ailleurs exemplaire en matière de développement durable, en visant notamment la labellisation « écoquartier ».

Au nord de Tours, le nouvel écoquartier de Monconseil devrait, à terme, accueillir plus de 3 000 habitants. Photo : Frédéric Paillet

Au nord de Tours, le nouvel écoquartier de Monconseil devrait, à terme, accueillir plus de 3 000 habitants. Photo : Frédéric Paillet

Créer de nouveaux quartiers

Autre écoquartier (labellisé fin 2011 par le ministère du Développement durable),  Monconseil se construit progressivement au nord de Tours, sur un ancien plateau essentiellement agricole. Porté par Tours Habitat et l’architecte conseil Éva Samuel, ce nouveau morceau de ville devrait accueillir à terme plus de 3 000 habitants. Toutes les fonctions de la ville sont réunies. Autour du jardin de la Grenouillère (1 ha), se développent un habitat diversifié, des activités économiques, des services, des commerces et des équipements (maison de retraite, halle des sports, crèche…). L’espace est optimisé avec de petits immeubles coiffés de terrasses ou bordés de jardins, des maisons de ville. Des jardins, des mails et des places viennent ponctuer le quartier.

Mixité, densité et qualité des espaces de vie pour le quartier des Deux-Lions, un nouveau cœur de ville en bordure sud du Cher. Photo : Frédéric Paillet

Mixité, densité et qualité des espaces de vie pour le quartier des Deux-Lions, un nouveau cœur de ville en bordure sud du Cher. Photo : Frédéric Paillet

Les rives sud du Cher accueillent quant à elle le quartier des Deux-Lions, initié au début des années 90 après une vaste opérations de remblaiement le mettant à l’abri des crues. « À l’origine, le projet prévoyant la création d’un technopôle dédié au entreprises de pointe, explique Franck Seither. Il intègre aujourd’hui des préoccupations de mixité, de densité, de qualité des espaces publics, et s’attache aussi aux questions d’environnement. » Le quartier se compose d’ensembles à l’identité urbaine affirmée, s’articulant harmonieusement, et regroupe des habitats aux typologies variées: « Il s’agit de répondre à une demande forte qui ne trouve pas de solution dans l’habitat ancien, ajoute Franck Seither, celle de la maison de ville, avec son entrée individuelle et son jardin. » Et ceux qui n’ont pas leur propre coin de verdure peuvent profiter, à proximité des Deux-Lions, du parc de la Gloriette, une vaste plaine inconstructible de 110 ha, dans laquelle Tours a choisi de créer un laboratoire du développement durable.
Frédérique Imbs

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