L’Anses vient de publier les résultats de son expertise relative aux risques pour la santé des travailleurs exposés à la silice cristalline. En France, près de 365 000 travailleurs y seraient exposés par inhalation, en particulier au quartz. L’Anses estime que 23 000 à 30 000 travailleurs seraient exposés à des niveaux excédant la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) de 0,1 mg.m-3 actuellement en vigueur en France, et plus de 60 000 à des niveaux excédant la VLEP la plus basse proposée au niveau international établie à 0,025 mg.m-3. Plus des deux tiers de ces niveaux d’expositions concernent le secteur de la construction.

Depuis le classement de la silice cristalline comme cancérogène pour l’Homme par le CIRC en 1997, toutes les études publiées depuis ont confirmé le lien avec le développement du cancer broncho-pulmonaire (CBP). Le risque est majoré en présence d’une silicose pulmonaire, mais les études disponibles confirment l’existence d’un risque significatif indépendamment de la silicose. Si le lien causal est aujourd’hui bien établi avec la silicose, l’expertise souligne l’intérêt de réviser la définition actuelle de la maladie sur le plan médical, en incluant les formes précoces.
Outre la silicose et le cancer broncho-pulmonaire, l’expertise de l’Anses confirme une association significative entre une exposition à la silice cristalline et le risque de développer une maladie auto-immune comme la sclérodermie systémique, le lupus érythémateux systémique et la polyarthrite rhumatoïde. De la même manière, l’exposition à la silice cristalline augmente le risque de développer des pathologies respiratoires non malignes autres que la silicose telles que la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), l’emphysème, la tuberculose. Une association a été observée dans les études entre l’exposition à la silice cristalline et le risque de pathologie rénale ou d’une pneumopathie infiltrante diffuse (PID) de type fibrose pulmonaire idiopathique (FPI), mais les données actuellement disponibles sont insuffisantes pour expliquer ces relations de manière précise.

L’Anses recommande une série de mesures en termes de prévention et de maîtrise des expositions en milieu professionnel, de surveillance médicale et de reconnaissance des maladies professionnelles.
En termes de prévention, l’Anses rappelle en premier lieu la nécessité d’appliquer les mesures de prévention définies par la directive 2004/37/CE concernant la protection des travailleurs contre les risques liés à l’exposition à des agents cancérogènes ou mutagènes au travail. En effet, les « travaux exposant à la poussière de silice cristalline alvéolaire issue de procédés de travail » ont été considérés comme cancérogènes et inscrits dans l’annexe I de cette directive. Ainsi, l’Anses recommande de transposer rapidement en droit français les conséquences de cette inscription. Elle recommande également de réviser les VLEP pour la silice cristalline, jugés insuffisamment protectrices, sans faire de distinction entre ses différentes formes.
En termes de surveillance médicale, l’Anses recommande notamment des évolutions du diagnostic et du dépistage de certaines pathologies (silicose, tuberculose, pathologies rénales…) pour des sujets exposés ou ayant été exposés professionnellement à la silice cristalline.
Enfin, l’Anses recommande que la révision des tableaux de maladies professionnelles en lien avec la silice cristalline soit engagée.