Selon une dernière étude de la Fondation Abbé Pierre, 4 920 000 adultes vivent encore chez leurs parents. Un nombre en hausse de 250 000 personnes, ils n’étaient que 4 674 000 en 2013. Cette évolution confirme que le problème du manque d’autonomie résidentielle des jeunes reste un problème massif, même si la hausse du nombre de personnes concernées depuis 2013 reflète avant tout le plus grand nombre de jeunes en France, les enfants du « baby-boom de l’an 2000 » arrivant progressivement à l’âge adulte. Cette réalité massive est un signal supplémentaire montrant la gravité de la crise du logement des jeunes. Pour leur permettre de se lancer dans la vie de manière autonome au moment choisi, ils ont plus que jamais besoin de politiques du logement plus volontaristes, en particulier en direction des jeunes précaires. 1 256 000 personnes de 25 ans et plus sont encore hébergées chez leurs parents, à un âge avancé où il est généralement préféré de vivre de manière autonome par rapport à ses parents. On compte aussi 1,3 million de personnes en emploi qui vivent chez leurs parents, ce qui peut refléter des salaires trop bas et des niveaux de loyer trop élevés ou des logements sociaux trop rares pour pouvoir décohabiter quand cela est souhaité. La comparaison entre hommes et femmes montre un effet genre important qui se creuse depuis 2013. La France compte ainsi 2,8 millions d’hommes hébergés chez leurs parents contre seulement 2,1 millions de femmes. À côté des enfants majeurs hébergés par leurs parents, qui représentent la grande majorité de ces situations, il existe 600 000 personnes hébergées chez des tiers à d’autres titres, qu’il s’agisse d’un hébergement chez des amis, des cousins, des oncles et tantes ou chez ses propres enfants. Et les tendances sont inquiétantes puisque ces situations sont 80 000 de plus qu’en 2013.

Ces chiffres reflètent avant tout une pénurie localisée de logements abordables pour les jeunes. Y répondre passe nécessairement par une véritable politique du logement étudiant, des foyers de jeunes travailleurs et du logement social en général. Ces segments indispensables de la chaîne du logement ont été fragilisés par la hausse des prix de l’énergie, des taux d’intérêt, des coûts de construction et du foncier, mais aussi par des choix politiques délétères. Comme la hausse de la TVA sur la production HLM, mais aussi à la ponction de 1,3 milliard d’euros par an du gouvernement sur les bailleurs sociaux. Autant de mesures, dans un contexte déjà difficile, qui ont précipité la chute de la production neuve de logements sociaux et qu’il conviendrait de supprimer pour viser à nouveau 150 000 logements sociaux neufs par an dont 60 000 logements très sociaux, et un plan de rattrapage de logements étudiants.