L’été 2022 a été marqué par l’intensité et la succession de records de chaleur, sécheresse, grands feux de forêts, inondations et épisodes de vents violents. Face à ces bouleversements et pour permettre à la Nation toute entière d’agir, l’IGN s’est engagé en 2021 à développer une capacité d’observation en continu du territoire en appui aux politiques publiques. C’est dans ce cadre que l’institut publie son premier Atlas des cartes de l’anthropocène. Le document publie une cartographie dont le suivi de l’état des forêts et met en avant des initiatives d’observatoires thématiques (observatoire de l’artificialisation des sols, observatoire de la forêt…) auxquelles participe l’IGN et qui visent à établir des diagnostics partagés et à offrir des outils mobilisables pour parler un langage commun entre acteurs concernés et relever les défis environnementaux majeurs.
Depuis plus d’un siècle, la superficie forestière augmente. Avec 10 millions d’hectares recensés en 1908, elle couvrait 19 % du territoire. Elle en couvre désormais 31 % avec 17 millions d’hectares. La forêt française va faire face à des bouleversements importants dans sa composition en essences et la répartition géographique de celles-ci. Les contextes climatiques et sanitaires qui affectent actuellement certaines forêts (dépérissement dû aux épisodes répétés de sécheresse, d’incendies, ou la crise des scolytes) placent la question de l’adaptation des forêts au changement climatique au centre des discussions concernant les stratégies à adopter (renouvellement forestier, ressources forestières, zones à protéger, etc.). Les forêts « produisent » des services économiques, sociaux et écologiques à préserver. Pour Manuel Fulchiron (directeur adjoint à la direction des opérations et des territoires, responsable opérationnel forêt de l’IGN), il est important de mieux connaître ces espaces pour aider la forêt à être plus résiliente et à conserver un écosystème fonctionnel. Derrière ces chiffres encourageants se dissimule une perspective plus noire. « On s’aperçoit depuis quelques années que la forêt augmente moins vite en volume », précise Manuel Fulchiron. En cause, notamment, la vitalité des arbres qui se détériore. Entre les incen- dies, la succession des sécheresses qui freinent la croissance des individus, et les bioagresseurs, qui corrompent leur santé, les massifs forestiers sont sous pression. « Les parasites qui attaquent les arbres sont connus. Un arbre en bonne santé arrive facilement à se défendre. Mais quand les arbres ont trop chaud, sont trop secs, les parasites finissent par pulluler. On parle d’ailleurs de tempête silencieuse, qui met à terre un grand nombre d’arbres sans qu’on entende de grand bruit, comparé à une tempête ou un ouragan. »
Source : IGN