La FFB constate que la reprise se poursuit dans le bâtiment. Après une hausse confirmée à près de 5 % en volume l’année dernière, les chiffres disponibles sur les premiers mois de 2018 s’avèrent plus qu’encourageants, malgré des conditions climatiques assez difficiles. Les mises en chantier, dont le glissement annuel sur trois mois à fin janvier 2018 s’inscrit en hausse de 6,5 % en nombre de logements et de 15,7 % pour les surfaces non résidentielles hors locaux agricoles. On note même une progression de 28,9 % pour les locaux industriels et assimilés, comme au tout début des années 2000, mais aussi de 21,5 % pour les bureaux, ou de 10,6 % pour les bâtiments administratifs. Dans le même temps, les informations sur le marché de l’amélioration-entretien laissent entrevoir un début d’année dans la bonne lignée de la fin 2017.

Cependant, le logement neuf montre quelques signes d’essoufflement, la progression des mises en chantier ralentit. Il faut y voir les premières conséquences du recul des ventes de logements neufs tant chez les promoteurs (-3,8 % en glissement annuel au quatrième trimestre 2017) que chez les constructeurs de maisons individuelles (-17,4 % en glissement annuel sur trois mois à fin janvier 2018). Ce décrochage s’explique principalement par une dégradation de la solvabilité des ménages, alors que les hausses de prix immobiliers ne peuvent plus guère être absorbées par une nouvelle amélioration des conditions de crédit, toujours très favorables. Par ailleurs, la détérioration de l’environnement institutionnel depuis le 1er janvier 2018 (PTZ réduit de moitié et « Pinel » supprimé en zones B2 et C, baisse des loyers HLM) accentuera immanquablement le tassement. Pour ce qui concerne l’amélioration-entretien, l’activité soutenue au quatrième trimestre 2017, est due pour partie du fait de l’anticipation de travaux d’efficacité énergétique par des ménages qui souhaitaient bénéficier des conditions 2017 –plus favorables– du Crédit d’impôt transition énergétique (CITE). Au global, l’activité bâtiment bénéficie pour l’heure de la belle fin d’année 2017 et les carnets de commandes des entreprises restent bien garnis.

Toutefois, à l’horizon du tournant 2018-2019, l’avenir commence à se faire plus sombre : les effets des mesures prises en Loi de finances pour 2018, la stigmatisation de l’immobilier assimilé à une rente injustifiable d’une part, le rabotage des aides, qu’il s’agisse du PTZ, du dispositif « Pinel » ou de l’APL conduisent à une déstabilisation des marchés. La récente attaque sur les ressources d’Action Logement, avec le relèvement de 20 à 50 salariés du seuil des entreprises contributrices prévu dans la loi PACTE, renforce l’inquiétude. Le grand flou qui règne autour de la future loi en faveur de la transition énergétique ne rassure guère. Les paramètres de la prime qui doit remplacer le CITE ne sont toujours pas connus, pas plus que l’avenir du RGE ou des formations FEEBAt RENOVE. A contrario, le projet de loi Elan (Évolution du logement et aménagement numérique) devrait faire sentir ses effets positifs à l’horizon de trois ou quatre ans. Mais entre ces deux dates, le risque est tout simplement le trou d’air, d’autant plus marqué que le NPNRU (Nouveau programme national de renouvellement urbain) peine à se mettre en place et que le plan « Action cœur de ville » relève encore du projet.