Les archéologues de l’Inrap ont achevé, à Vénissieux, la fouille de l’ancien fossé défensif de Lyon, abandonné et comblé au début du XXe siècle. Transformé en dépotoir, son étude a livré des milliers d’objets. L’opération s’inscrit dans le cadre de la création d’une zone d’aménagement. L’équipe de l’Inrap a fouillé une emprise de 7 371 m2, sur prescription de l’État.

Objets du quotidien (pharmacie, cosmétiques, parfums, boissons etc.) datés du début du XXe - © Alban Horry, Inrap

Objets du quotidien (pharmacie, cosmétiques, parfums, boissons etc.) datés du début du XXe – © Alban Horry, Inrap

Le fossé défensif est un vestige d’aménagements de l’après-guerre « franco-prussienne » de 1870-1871. En 1927, l’enceinte est officiellement déclassée et rasée pour faire place au projet du « Boulevard Périphérique » initié dès 1924 par Édouard Herriot, maire de Lyon, et le Président du Conseil général du Rhône, Laurent Bonnevay. À partir de cette date le grand fossé est en partie utilisé en dépotoir et comblé. Au nord-est, la fouille est effectuée sur un secteur de 400 m2 environ, dépotoir public avec des déchets issus des usines de verrerie voisines (Vénissieux et Lyon) et d’autres de contextes domestiques. Ces derniers sont composés exclusivement de fragments de poteries, de verre, de vaisselles en métal émaillé, de coquillages et d’objets en plâtre ou en pierre.

Pot de moutarde de Dijon en faïence fine daté du début du XXe siècle - © Alban Horry, Inrap

Pot de moutarde de Dijon en faïence fine daté du début du XXe siècle – © Alban Horry, Inrap

Ils témoignent d’un tri sélectif, sans doute en lien avec les méthodes mises en œuvre à la fin du XIXe siècle à Lyon et préconisées par les hygiénistes. Les déchets sont entassés sur près de 4 m d’épaisseur, sans réelle trace de matière organique ou de sédiment. Un échantillon représentatif a été prélevé : plus de 30 000 tessons de poteries, porcelaines, faïences fines et grès, plus de 3 000 fragments d’objets en verre. Les objets exhumés illustrent la période 1860-1930. La variété des productions, locales, régionales ou exotiques (porcelaines de Chine et du Japon), est remarquable. Ces objets sont l’illustration de la vie domestique (alimentation, boisson, cuisine, manières de table, jouets, hygiène, santé…), artistique (Art Déco, Japonisme), commerciale (brasseries lyonnaises, restaurants, pharmacies…) ou économique et constituent de véritables morceaux choisis du quotidien des Lyonnais pendant, notamment, les Années folles.

Millefeuille de céramiques, verres et coquillages d'un dépotoir aux rejets triés, daté du début du XXe siècle découvert à Vénissieux (Rhône), 2016. © Stéphane Brouillaud, Inrap

Millefeuille de céramiques, verres et coquillages d’un dépotoir aux rejets triés, daté du début du XXe siècle découvert à Vénissieux (Rhône), 2016.
© Stéphane Brouillaud, Inrap